mardi 10 août 2010

Fire also works

Konnichiwa,

Cela fait maintenant 3 semaines que je n'ai pas écrit, mais même si la cadence a ralenti, je compte quand même poursuivre des mises à jour de temps en temps c'est promis. En plus je pars en vacances demain !! Donc il y aura sûrement matière à rédiger j'imagine.

En attendant, la vie ici est toujours bien agréable même si le travail reste intense. Cela va faire maintenant plus de 4 mois que je suis arrivé et après 4 mois, l'impression d'être un touriste disparaît peu à peu, en grande partie grâce aux gens que j'ai rencontrés, collègues ou amis. Tout ceci pour dire que le but recherché n'est pas de raconter au jour le jour ma vie, mais plutôt de décrire ce que je découvre dans ce pays, voire dans mon travail. Enfin au boulot je cherche plus que je ne découvre, c'est d'ailleurs pour ça qu'on me paye.

Et donc la semaine dernière j'ai découvert le festival de Sanda ou "Sanda Matsuri". En fait il y avait des fêtes un peu similaires au même moment à Kobe et à Osaka. Je vous dirai comment ça se passe là-bas l'année prochaine peut-être. Mais à Sanda, il y avait aussi de l'animation ! D'abord, j'ai pu voir des danses traditionnelles japonaises. Etant donné la moyenne d'âge des danseuses, c'est apparemment une tradition qui se perd petit à petit hélas. C'est dommage parce que c'est plutôt joli (même si un peu répétitif), et je regrette que la musique typiquement asiatique, assez rythmée, n'accompagne pas la photo qui suit :



Mais pour un européen, l'étonnement ne se limite pas aux danses, loin de là. La plus belle surprise fut de voir qu'un très grand nombre de gens se parent d'habits traditionnels. Le kimono est peut-être un peu cher et réservé aux très grandes occasions, mais beaucoup portent une variante : le Yukata !



Les Yukata existent en version homme, femme (ils sont alors plus jolis je trouve, en tout cas plus colorés) et enfants. Et comme je viens de vous dire quelques lignes auparavant, mes amis sont d'une très grande gentillesse et... ils m'ont offert le Yukata !! La preuve en image :



Même si la fête finit un peu tôt (par rapport aux fêtes basques estivales au moins), elle est quand même vraiment agréable toute la journée. Il y a plus de monde que d'habitude (et d'habitude il y a déjà beaucoup de monde au japon !) et c'est rempli de stands de ravitaillement version japonaise : le poulpe remplace le sandwich saucisse-ventrèche. Mais c'est très bon aussi le poulpe. Côté boisson j'ai oublié le nom mais le granité qu'on peut acheter en France a sa version japonaise. On nous sert d'abord de la glace pilée et ensuite on ajoute le sirop. Même les anglais qui font tout à l'envers n'ont peut-être pas eu cette idée (désolé pour les anglais qui se sentent visés mais j'ai pas dit gallois).

J'ai souvent fini mes articles en fleurs, sans le faire exprès d'ailleurs. C'est une bonne habitude après tout ! Fleur se dit "Hana" en japonais. "Bi" ou "hi" signifie le feu. Aujourd'hui je vous offre donc une fleur spéciale : "hanabi", la fleur-feu, un joli mot pour dire "feu d'artifice". C'est ce qu'on appelle le bouquet final !

dimanche 25 juillet 2010

Eveil-matin

Bienvenue à Nara, comme promis, voici un petit compte rendu du long week-end que j'ai passé la semaine dernière dans cette ville qui est peut-être une des plus belles parmi celles que j'ai pu visiter jusqu'à présent. Nara était la première capitale du Japon, pendant un peu moins d'un siècle. Et ça commence à dater puisque c'était juste avant le règne de Charlemagne... Ca nous rajeunit pas tout ça. Ceci dit, même si le 8ème siècle, ça sent pas le neuf, c'est quand même tard pour établir une capitale pour la première fois non ?! En fait il y a une raison plutôt originale : jusqu'alors, les shintoïstes considéraient que la mort était une impureté, et donc quand le chef mourrait, ils détruisaient les palais et s'établissaient ailleurs.

Et justement, même si Shintoïsme et Bouddhisme ont fait bon ménage, vous verrez que Nara se visite surtout pour ses temples Bouddhistes très nombreux et très spectaculaires. Déjà, les japonais avaient importés de Corée les caractères chinois, ce qui entre nous était une bien mauvaise idée. C'était au 4ème siècle me dit internet. Cela montrait déjà l'influence de la Chine dans cette région, et aussi la fascination que portaient les Japonais vis à vis de leurs voisins. A peine plus tard et probablement dans le même état d'esprit, c'est aussi des chinois et des coréens qu'ils ont importé le Bouddhisme.

Ces temples se situent près du coeur de la ville, et ont été préservés de l'urbanisme japonais dont j'ai souligné à maintes reprises ses proportions. Ils se situent en effet dans un grand parc où circulent encore librement des daims. Ces commentaires rappellent donc peut-être un peu l'article précédent sur l'île de Miyajima.



Depuis la semaine dernière, j'ai appris que les daims étaient considérés comme des messagers des dieux, ce qui explique le respect que les japonais leur portent. Néanmoins, je continue personnellement de croire qu'à côté de la théorie, ils ne pensent qu'à bouffer. Etant donné le nombre de touristes à Nara, les daims sont d'ailleurs un peu plus agressifs et comme ils aiment manger le papier, il faut faire attention à son guide de voyage.

Dans ce parc, voici d'abord le temple principal de Nara : le Tôdai-ji, probablement le temple principal à l'intérieur duquel se trouve une statue géante d'un Bouddha (j'y reviendrai un peu plus tard).



Cette photo, prise d'assez loin, suggère que beaucoup de temples à Nara sont imposants. Il se fondent par ailleurs complètement dans la nature et présentent eux-mêmes d'incroyables structures en bois. La photo ci-dessus présente le bâtiment principal d'un temple mais en général, chaque temple est d'abord précédé d'une porte comme celle-ci:



Ces portes sont d'ailleurs déjà intéressantes en soi, en particulier parce qu'elles abritent des gardiens qui ont pas l'air commode :



On appelle ces gardiens des niô, ils sont des rois célestes. Ils n'ont pas atteint l'illumination comme les Bouddhas, mais ils sont quand même considérés comme supérieurs aux hommes. De la même manière que les chiens-lions des temples shintoïstes, ces niô apparaissent en général par paire : un de chaque côté de la porte et eux aussi semblent prononcer "AUM". "AUM" est un son bien particulier dans le bouddhisme, on appelle ça aussi un "mantra", c'est à dire un son utilisé dans la méditation qui peut produire un effet bénéfique si on le prononce comme il faut. "AUM" en l'occurence est le mantra le plus important, c'est le son primordial, c'est à dire le commencement de l'univers. Mais il représente aussi l'univers entier, la "totalité", rien que ça.

Ceci m'amène donc à décrire à peine ce qu'est le Bouddhisme. Très succinctement d'ailleurs, tout simplement parce que le bouddhisme est une "religion" extrêmement ramifiée que je ne connais pas assez bien pour pouvoir m'étendre largement sans dire trop d'âneries. Le peu que j'ai compris, c'est que le bouddhisme vise à s'"éveiller". Je pense que la connotation du mot "éveil" est bien plus compréhensible que n'importe quel commentaire supplémentaire que je tenterais d'écrire. Peut-être que l'éveil consiste à ressentir ce qu'est l'univers dans sa totalité (ce qui renvoie d'ailleurs au mantra AUM que je viens d'évoquer). Pour ce faire, il faut s'affranchir du désir qui est source de souffrance. Néanmoins, (et là attention c'est un point de vue plus personnel), j'ai l'impression que le bouddhisme ne prêche pas une conduite bien précise, un peu comme si chacun pouvait trouver sa voie vers l'éveil. D'ailleurs, les écoles de pensées relatives au Bouddhismes sont innombrables et c'est la raison pour laquelle il est difficile de s'y intéresser au début car on est vite noyé par la complexité de cette religion. Néanmoins, dans cette pagaille, on reconnaît un bouddha historique : Siddartha Gautama dont l'histoire (que je conseille à tout le monde) rappelle par certains aspects celle de Jésus et prône l'ascétisme pour atteindre l'éveil.

Allez, fini de bavarder, place aux présentations. Voici donc Bouddha (pas Siddartha, un autre, dont la statue ci-dessous se trouve au temple Tôdai-ji). D'ailleurs il fait coucou :



Ce genre de statue se trouve en général dans le bâtiment principal d'un temple. La particularité de celui-ci est qu'il fait 18 mètres de haut, ce qui en fait la plus grande construction en bois au monde. La photo ci-dessus ne permet peut-être pas de s'imaginer cette immensité donc voici un profil (pris tant bien que mal avec mon petit appareil) :



Voilà, j'espère que la visite vous a plu. Pour finir, même si la méditation consiste selon certains à faire le vide (ce que je comprends comme supprimer ses pensées et ses sensations), je termine cet article en faisant l'inverse, c'est à dire en mentionnant l'odeur de l'encens (qui joue le rôle du cierge j'imagine) et la couleur des Lotus qui ont accompagné ce voyage nirvanesque.



samedi 10 juillet 2010

Nikkon, ni méchant

Konnichiwa minna san. Méfiez-vous je commence à faire des progrès en japonais. Petit à petit ce blog risque d'emprunter des mots étrangers, à la manière d'une interview de Mary Pierce ou de Lesly du Loft Story 2. Pour les premiers de la classe, dont on supposera qu'ils n'étaient pas concernés par les exemples précédents, je viens de découvrir qu'on appelle ça le pérégrinisme ou le xénisme, bref je me coucherai moins con ce soir à défaut de briller en société puisqu'ici tout le monde s'en fout.

Comme vous le voyez, ma santé mentale va bien. Ici la vie continue comme un long fleuve zen. Vous le savez peut-être mais je confirme que les saisons sont très marquées au Japon. Et quand je lis la presse française sur internet qui ose parler de canicule, ça me fait bien rigoler. Ha ! Bon j'espère quand même que vous allez bien. Ici, il fait donc de plus en plus chaud et de plus en plus humide ce qui plaît bien aux grenouilles-taureaux dont je remarque qu'elles n'ont toujours pas changé de note depuis un mois.

Pour voir de la nouveauté, il faut donc se déplacer. Et aujourd'hui je vous invite par la pensée à prendre le moyen de locomotion emblématique du Japon qu'est le Shinkansen !



Le Shinkansen est l'équivalent de notre TGV, en un peu moins rapide peut-être, mais surtout en beaucoup plus confortable à l'intérieur (et de loin !!!). Ce train est plus original qu'il n'en a l'air, et j'irais même jusqu'à dire qu'il fait partie intégrante de la visite. A l'intérieur, les contrôleurs qui traversent le train s'arrêtent deux fois à chaque wagon (à l'entrée et à la sortie) pour faire une courbette aux voyageurs. Question courbette, ces contrôleurs sont de véritables champions anonymes, capable de faire un parfait angle droit sans exprimer le moindre rictus de crispation. Et puis comme vous le voyez aussi sur la photo précédente, le Shinkansen a vraiment une belle gueule je trouve, leurs museaux sont presque toujours différents mais toujours très futuristes.

Ce Shinkansen nous emmène environ 300 kilomètres à l'Ouest. Destination Miyajima, une île située tout près d'Hiroshima. J'espère que les quelques clichés qui vont suivre vous convaincront qu'il s'agit d'une île vraiment magnifique. Miyajima est essentiellement connue pour son torii (un portique shintô) qui est l'une des trois vues les plus célèbres du Japon.



Ce portique est je pense le deuxième "monument" le plus photographié au Japon ce qui n'est pas peu dire.

La fonction d'un torii est tout simplement de délimiter un lieu sacré. Ici comme vous le voyez, le torii est dans la mer et c'est toute l'île qui est considérée comme sacrée. Et c'est une très bonne nouvelle ! Car la conséquence immédiate est que cette île est parfaitement préservée de tout urbanisme excessif. Le village bâti autour du temple shintoïste d'Itsukushima (à mes souhaits) compte à peine 2000 habitants... Même s'il y a beaucoup de touristes, cela rend la visite très agréable.



Même sur l'île, le relief est montagneux, comme partout ailleurs, et le brouillard crée une atmosphère mystérieuse très japonaise.



L'ensemble de l'île possède des règles bien spécifiques qui donnent l'impression d'être coupé du monde réel. Par exemple, il n'y a ni maternité ni cimetière étant donné qu'il est interdit d'accoucher ou de mourir dans ce lieu sacré. Par ailleurs, il est interdit de couper un arbre, ce qui explique sûrement le fait que le site est couvert d'une forêt vierge. Au contraire, près du temple, on peut apercevoir qu'un tronc d'arbre, qui a une forme énigmatique, est mis en valeur comme s'il était élevé au rang de Kami.



Ainsi, cet île est une fois de plus une parfaite illustration du respect que portent les japonais vis à vis de la nature. Ce constat étant dressé, on ne s'étonne presque plus de rencontrer des daims qui se promènent en totale liberté, et qui sont parfaitement habitués à la présence humaine.



Sans vouloir gâcher ce tableau idyllique, j'ai trouvé que les daims étaient assez peu spirituels par rapport au cadre : ils ne pensent qu'à bouffer. En particulier, ils ont l'air d'apprécier cette spécialité ci-dessous qui ressemble à du poulpe (et qui complète la liste des choses étranges à se mettre sous la dent dans ce pays) :



Toujours dans le chapitre animalier, voici le genre de faune que l'on peut découvrir ici si on fait bien attention :



Est-ce un kami lui-aussi ? Peut-être. Mais il y en a d'autres pas loin (des kamis, pas des crabes) : dans le temple Shintoïste que j'ai déjà évoqué et que je compte vous faire visiter. Le temple d'Itsukushima (à mes amours) est bien plus grand que ceux que j'ai visités jusqu'à présent. Mais si sa grande taille est originale, les éléments qui le constituent correspondent en tout point à ce que j'avais déjà décrit dans un article précédent à propos du sanctuaire d'Ikuta de Kobe. Ce sera donc une séquence révision ! D'abord, on n'oublie pas de se purifier :



Puis, nous sommes accueillis par les chiens gardiens du temple que vous connaissez bien maintenant.



Le rouge est omniprésent





La photo suivante correspond à l'endroit où se situe un kami. Il faut donc mettre une pièce, sonner la cloche, saluer, taper deux fois des mains (pour attirer l'attention du kami ?) et re-saluer.



D'autres clichés qui me donnent envie d'y retourner :





En conclusion de cet article, je vous ai dit que cette île se trouvait près d'Hiroshima qui est certainement une étape "importante" quand on a la chance de passer du temps au Japon. Mais de façon générale, l'histoire d'Hiroshima s'adresse à tout de monde et a peu de choses à voir avec une visite. Je me limiterai à écrire que cette ville est maintenant reconstruite. Seul le dôme de la bombe A, fait en béton armé et situé juste au dessous de l'explosion a été laissé tel quel.



Pour le reste, je ne suis probablement pas capable d'écrire sur une horreur pareille. Cette histoire-là doit cependant être entendue, c'est certain, c'est plus que nécessaire, même si ce qu'on y découvre est extrêmement choquant et douloureux.

Enfin je m'excuse d'avance de ne pas pouvoir mettre à jour mon blog la semaine prochaine. Car le week-end prochain -allongé grâce à un jour férié : le jour de la Mer - Ruri va venir dans le Kansai (qui est le nom de la région où je me trouve) et nous allons visiter Nara ! Cela sous-entend donc que la pause de ce blog ne sera que très temporaire.

A très bientôt alors !!

jeudi 1 juillet 2010

Hymne à la joie

Après 3 mois déjà d'aventures nippones, je voudrais aujourd'hui prendre un peu le temps de vous raconter une des plus belles choses qui me soit arrivé dans mon quotidien depuis mon atterrissage, à savoir les cours de japonais organisés à Sanda.

J'y suis allé un peu par hasard au début, sachant que ce n'était pas du tout dans mes plans étant donné que jusqu'à présent, j'ai toujours appris le japonais en autodidacte avec des bouquins (qui sont d'ailleurs parfois très bien faits). Mais après tout, une collègue m'en avait dit du bien, et même si on ne peut pas vraiment se réjouir par avance de rencontrer des gens qu'on ne connaît pas encore, il est probable qu'un déménagement en terra incognita pousse à aller vers autrui plus qu'à l'accoutumée.

Et quelles ne furent pas mes surprises dès le premier jour de "classe"!! La première est financière, ce qui n'est pas négligeable me direz-vous... Un chou est un chou. Mais quand même : 18 euros pour 6 mois !... Quand on a vécu 7 ans et demie à Paris, ça fait comme un choc. Pierre Bellemare peut aller se coucher. Miss Bettencourt n'en parlons pas. A ce tarif là, vous aurez compris que les profs sont bénévoles.

J'en profite pour glisser une petite parenthèse dont je m'excuse platement par avance pour son contenu légèrement politique. En effet, jusqu'à présent, je réservais aux heures les plus tardives à mes interlocuteurs de l'Académie de la Bière (boulevard du Port Royal, 5ème arrondissement) l'idée d' une "utopie" qui consisterait en une société où la nourriture, le logement et l'éducation au sens large serait totalement gratuits pour tous. Cessez de rire, ensemble tout est possible, à condition d'être ensemble. Voici donc cette idée gravée dans les pixels de ce blog.

Même si l'école publique est un exemple non négligeable et vraiment beau de l'"éducation gratuite" (je dis pas ça pour cirer les pompes des profs qui me lisent), les exemples d'organismes qui à l'inverse monnayent le savoir sont innombrables vous le savez bien et c'est une honte travailleuses travailleurs etc. Toujours est-il que ces cours me permettent de me confronter à un autre exemple d'"éducation gratuite", un système en dehors non seulement de l'argent mais aussi de toute forme de compétition.

Mais à 18 euros pour 6 mois, "on a droit à quoi ?" me demanderez-vous ? Deuxième surprise : on a droit à un cours individuel par semaine et qui dure environ une heure et demie ! Certes je reconnais que cet aspect là est plus proche du luxe que de l'utopie. Mais ce n'est pas fini ! 3ème surprise ! On me demande pourquoi je viens, et ce que j'attends de ces cours. Banal me direz-vous ? Et pourtant en y réfléchissant bien, je pense que c'est intelligent de demander pourquoi on vient. Surtout quand il s'agit de cours de japonais où l'apprentissage des caractères chinois n'a rien à voir avec l'apprentissage du japonais oral, ni avec des cours de "culture japonaise", ni même peut-être avec la préparation d'un examen par exemple. Pour l'anecdote, parmi les diverses propositions suggérées, il y avait aussi "je viens pour parler à des gens". Dans un premier temps, je ne vous cache pas que ça m'a semblé ridicule. Certes j'étais aussi là pour ça mais de là à le formaliser noir sur blanc, ça me donnait l'impression de réclamer une assistance sociale (ce qui n'est d'ailleurs pas un gros mot). Dans un deuxième temps, conditionné par l'omniprésente compétition, j'ai cru à un piège en me disant que celui qui cherche seulement à parler un peu avec quelqu'un ne doit pas être très motivé pour apprendre le japonais. Puisque cela fait maintenant plus de 2 mois que je rencontre ces professeurs de japonais, je peux certifier que la dernière préoccupation de ces gens-là est de tendre des pièges à quiconque. Ayant chassé la théorie du complot, et un peu honteux d'avoir été si paranoïaque, j'en viens donc au troisième temps : celui où je me dis que finalement, c'était aussi une très bonne idée de proposer cette option ! Après tout, on peut trouver ça beau de venir pour parler à quelqu'un. Enfin moi je trouve ça beau, pas vous ?

Dans ces conditions, autant vous dire que je me sens comme un poisson dans l'eau. Certes je suis aujourd'hui dans la peau (l'écaille donc) de celui qui en profite mais je suis au moins ravi d'observer concrètement ce bel engagement que partagent beaucoup de professeurs (à la louche une bonne quarantaine, ce qui correspond au nombre d'élèves). Par ailleurs, il n'est pas surprenant de constater qu'à partir de bases aussi saines, les gens viennent à ces cours avec le sourire, c'est le moins qu'on puisse dire et ils se parlent très spontanément. Je disais au début de cet article qu'on ne peut se réjouir par avance de rencontrer des gens qu'on ne connaît pas encore (c'est d'ailleurs un peu laborieux comme phrase). Je ne manquerai pas de rajouter qu'après coup, je me réjouis vraiment d'avoir rencontrer ces gens-là qui sont remarquables et qui deviennent peu à peu des amis.

En conclusion de cet article, vous aurez remarqué qu'il n'y a pas de photo mais je me rattraperai la semaine prochaine probablement. Néanmoins, sans avoir cherché forcément à vous convaincre, j'espère que ces quelques lignes vous auront soit touché, soit donné des idées, soit rappelé des initiatives comparables que vous avez déjà menées ou que vous avez décidées. Je voulais en tout cas vous faire partager cette expérience !

Je vous embrasse tous !! J'en profite aussi pour dire que j'ai bien conscience que je réponds peu aux commentaires (publics ou parfois privés) et m'en excuse même si j'essaie parfois de répondre dans le texte quand le sujet s'y prête. Ce n'est d'ailleurs pas pour rien que je me suis risqué à manger des pinces de crustacé (toujours non identifié) la semaine dernière. Mais surtout je tiens à vous remercier pour vos messages qui me font bien plaisir et suis toujours ravi d'avoir de vos nouvelles. Je vais m'arrêter là parce que je ne fais que raconter depuis le début que tout le monde il est gentil. Je vous embrasse à nouveau donc, bénévolement en plus, j'espère que vous vous en rendez compte.

jeudi 24 juin 2010

Koh-be Lanta

Heureusement que j'ai causé un peu de l'équipe de France la semaine dernière, parce que tout s'est passé très vite !! C'était bref et pas intense. Du coup je suis emmerdé, si ya plus de foot, que vais-je bien pouvoir écrire ? Ah oui c'est vrai pardon : "Sarko démission !!!". Arf ça fait toujours du bien.

Bref je vous parlais donc du Japon. Du moins jusqu'à aujourd'hui car comme allez le voir, même si je suis pas allé bien loin, j'étais un peu ailleurs le week-end dernier. En effet, même si je vous ai déjà causé 2 fois de Kobe sur ce blog, je ne me suis pas encore attardé sur la nature-même de cette ville, à savoir son ouverture vers l'étranger.



Tout à commencé en l'an de grâce je sais pas combien, j'ai jamais aimé apprendre les dates en Histoire. Mais comme je l'ai déjà souligné ici, le point de repère de l'Histoire japonaise, c'est Fernando Tokugawa, qui vous est maintenant sûrement familier (pour les plus dissipés, c'est LE grand unificateur du Japon qui a établi une société très hiérarchisée qui s'est fermée au reste du monde pendant environ 3 siècles).

Et bien tout juste avant la révolution Meiji qui a mis fin a cet incroyable isolement (sans équivalent je pense), l'ouverture vers le monde extérieur s'est en grande partie faite par l'intermédiaire de Kobe. Cette ouverture s'est faite bien entendu sous pression des défenseurs de la paix dans le monde qui étaient cependant peu nombreux à ce moment-là du match, mais qui furent appuyés par les marchands, qui eux par contre étaient légion (y compris peut-être au sens purement militaire).

Voici une illustration que l'on trouve au musée de Kobe, et qui montre que l'ouverture dont je parle ici s'est manifestée non seulement par un grand développement économique, mais aussi par un changement de coutumes. En clair, il était bien vu de copier l'occident, en particulier en ce qui concerne le style vestimentaire. Au fond, c'était un peu comme maintenant finalement.



Kobe a donc été historiquement une ville fréquentée par les étrangers, qui entre parenthèses n'occupaient pas les plus mauvaises positions. On voit pas bien sur la photo ci-dessous, mais ceux qui bossent, c'est les japonais, et le chefaillon c'est un blanc.



A l'époque aussi on travaillait plus pour gagner plus. Les chinois quant à eux jouaient un rôle d'intermédiaire (ne serait-ce que pour des raisons linguistiques, car eux n'avaient pas vécu une telle coupure vis à vis du reste du monde) entre occidentaux et japonais.

Tout ça pour dire que Kobe est devenue une ville cosmopolite, et l'est restée jusqu'à aujourd'hui. A la lumière de ces quelques explications, on comprend donc pourquoi il y a un quartier européen et un quartier chinois à Kobe. Je me permets d'insister un peu car je sais bien que cela peut paraître relativement banal pour un Français, mais il faut savoir qu'ici, il s'agit d'une situation vraiment inédite. Dans la plupart des villes, il est en effet rare de croiser un étranger par exemple.

Voici donc d'abord quelques clichés du quartier Européen. Je passe vite dessus parce que je pense que ça ne vous dépaysera pas beaucoup (quoique).



Comme vous le voyez, même si l'endroit contraste avec un quartier japonais, cela ne ressemble que de loin au style français (les fenêtres peut-être ?...). De façon générale, j'avais un peu l'impression d'être nulle part, comme si tout cela n'était qu'un décor en carton. Les intérieurs se visitent moyennant quelques yens. La politesse bien que condition nécessaire n'est pas toujours une condition suffisante. Ce qui se visite, ce sont des mobiliers datant aussi de l'an de grâce quelque chose, mais là sérieusement mon manque de culture fait que je préfère ne pas trop me risquer à commenter les divers vases, meubles, porcelaines de Dijon etc.

Toujours est-il que ces Européens/Américains étaient apparemment "de la haute".





Par ailleurs, on trouve aussi dans ce quartier occidental des églises et des boutiques spécialisées dans le mariage à l'occidentale qui coexiste ici avec le mariage traditionnel (pourquoi choisir ? Après tout il suffit que la mariée change 36 fois de robe).

Le quartier chinois quant à lui offre une atmosphère radicalement différente ! Contrairement au quartier Européen, je peux difficilement juger si ça ressemble vraiment à la Chine ou non. Toujours est-il qu'on est assez frappé par l'omniprésence du rouge dès qu'on arrive ! Et les dragons ne sont jamais bien loin.



Mais surtout on trouve dans le quartier chinois des commerçants avec de nombreux stands qui vendent des spécialités culinaires. Et vous allez voir qu'ils sont joueurs parfois. Je vous défie de reconnaître ce que la demoiselle prépare sur la photo ci-dessous.



Mais ça c'est juste l'échauffement, 10 mètres plus loin, on trouve bien mieux : des pinces d'un crustacé quelconque (non identifié). Après une brève discussion avec le cuisto ("On peut manger quelle partie ?" "-Tout"), j'ai pas pu résister.





Vous me croirez peut-être pas, mais c'est une des meilleures choses que j'ai mangées depuis mon arrivée (même si la carapace colle un peu aux dents) !

jeudi 17 juin 2010

Riz-blé-riz

La grande fête a donc commencé ! Apparemment toute la planète a les yeux rivés vers le même objectif, ce qui est assez impressionnant. Et le Japon ne fait pas exception ! C'est un peu le sujet de conversation du moment au labo bien entendu, même si je trouve que l'engouement est peut-être un peu moins fort qu'en France. Après tout, le foot est loin d'être le sport n°1 ici, et le moins qu'on puisse dire, c'est que les japonais ne sont pas aussi optimistes que leur entraîneur qui vise les demi-finales. Il faut dire qu'avec leurs matches de préparations, il y avait de quoi être dubitatif (un seul match nul contre le Zimbabwé). Il n'empêche qu'ils ont fait un démarrage canon, à l'image de Honda évidemment qui avait du gaz ce soir là. C'est pas comme certains, suivez mon regard :



Je prends des risques là, parce que je rédige cet article avant le match contre le Mexique, et que j'aurai l'air malin s'il nous met un triplé. Allez c'était juste pour rire, moi je dis qu'ils vont la gagner cette coupe (là aussi je prends des risques), suffit de trouver le bon produit. D'ailleurs des produits, j'envisage d'en prendre en ce moment, car comme vous le voyez ci-dessus, il faut se lever tôt pour "profiter du spectacle". Détail non négligeable qui n'apparaît pas ici : à la fin du match, vers 5h30 environ, il fait jour dehors, mais pas assez pour calmer l'excitation de nos vuvuzelas locales que vous connaissez bien maintenant.

Bref, depuis quelques temps, je commence à avoir de belles valises sous les yeux. Et comme en plus dimanche dernier il a plu comme une grenouille qui pisse, j'ai préféré rester chez moi. Je vais donc en profiter aujourd'hui pour décrire ici mon travail, ce que j'ai pas vraiment fait jusqu'à présent alors que j'y passe un certain temps. Je vous rassure, il y aura pas d'équation, et même si je sais bien que ça intéressera peut être pas tout le monde, je vais quand même tenter de vous transmettre la passion des nanocristaux semi-conducteurs. Plus sérieusement (ça commence mal si je pars comme ça) j'espère aussi que vous me comprendrez un peu, car c'est parfois frustrant d'avoir du mal à communiquer avec son entourage sur ce sujet je trouve. Et contrairement à ce qu'on peut parfois imaginer, c'est aussi intéressant des fois la physique (si si) !

Donc une nanoparticule comme je le disais dans un article précédent, c'est tout simplement une très petite particule. Tellement petite qu'on peut pas y mettre grand monde dedans, à peine quelques atomes. Il y en a de toutes les formes, et vous verrez que ça a son importance, mais pour l'instant je m'intéresse qu'à des particules bien rondes, ou alors à des sortes de bâtonnets. Ces particules nous intéressent d'abord (mais pas seulement) parce qu'elles émettent de la lumière. Sans trop rentrer dans les détails, il existe plusieurs façon d'émettre la lumière, la plus connue étant la lampe à incandescence qui comme son nom l'indique consiste à chauffer à fond du métal. Ici c'est un peu différent. Pour que la nanoparticule émette de la lumière, il faut... lui envoyer de la lumière. Ca a l'air débile dit comme ça, mais finalement ça ne l'est pas tant que ça. Après tout, imaginez que vous avez une lampe bleue et que vous éclairez une feuille blanche, et bien la feuille sera bleue. En quelque sorte c'est comme si la feuille émettait de la lumière bleue. Et bien faisons la même chose avec une nanoparticule ! Ah... tiens, elle émet de la lumière rouge. Que s'est-il passé ?

Et bien dans un premier temps, la nanoparticule a absorbé la lumière bleue. Si la lumière est un ensemble de "grains de lumière" (des photons), vous pouvez alors vous imaginer qu'un photon arrive sur la particule et se fasse hara-kiri dans la particule. Tant de violence n'est pas sans conséquence dans la particule. Elle était auparavant tranquille sans lumière, dans son état le plus stable qui soit, et la voilà désormais "excitée". Excité, ça veut dire qu'à l'intérieur de la nanoparticule, un électron (qui tourne autour d'un atome) s'est éloigné de son atome, tout ça à cause du photon kamikaze je le rappelle. Puisque l'électron a quitté sa place, il a laissé derrière lui comme un vide. On appelle ça "un trou".

Maaais ... l'histoire des feux de labour ne s'arrête pas là. N'oublions pas que l'électron et le trou ne vivent pas dans un 120m². Le fait que la nanoparticule soit si petite va les obliger à se rencontrer de nouveau et à se réconcilier. Une fois que l'électron aura fait les cents pas dans la nanoparticule, il se sera un peu calmé, et de la même manière qu'un photon a généré une paire "électron-trou", l'électron va retrouver son trou en générant un photon. Comme je vous ai dit qu'entre temps l'électron s'était un peu calmé, l'énergie du photon sortant est moindre que celle du photon entrant. C'est pour ça que la nanoparticule émet du rouge, parce que le rouge, ça a moins d'énergie que le bleu, c'est pas comme en foot.

Pigé ? Et bien ce que j'ai raconté ici, c'est ce qu'on appelle la fluorescence. J'ai dit "rouge" ici pour donner un exemple mais on peut très bien faire aussi du jaune, du vert, du orange : on peut en fait choisir la couleur en modifiant la taille de la nanoparticule. La photo suivante est une photo de famille où tout le monde est éclairé avec de l'ultra-violet (encore plus énergétique que le bleu) :



Maintenant, faisons un peu plus compliqué. Supposons qu'on envoie beaucoup de lumière bleue à la fois. Et bien au lieu d'avoir un seul électron qui quitte son trou, on aura plusieurs électrons qui quitteront leurs trous. Ca fait beaucoup de divorcés dans un espace si restreint. Forcément il va se passer des choses bizarres. Supposons par exemple qu'on ait deux couples de divorcés (donc 2 électrons et 2 trous au total). On s'attendait à ce que chaque recombinaison "électron-trou" donne lieu à un photon rouge comme d'habitude. Et bien non. En fait, un électron va bien se recombiner avec un trou, mais bizarrement, cette recombinaison ne va pas créer un photon rouge. Et la conservation de l'énergie alors ? Et bien suite à cette première réconciliation/recombinaison, sachez que le deuxième couple électron-trou va encore plus s'énerver. L'électron restant s'éloignera encore plus de son trou. A force de jouer avec le feu (ou plutôt avec la lumière), cet électron restant sera si excité qu'il aura une énergie suffisante pour quitter pour de bon la nanoparticule, en disant "Au-revoir" tel Giscard.

Et c'est comme ça qu'on en arrive au drame. Parce que derrière on a une nanoparticule avec à l'intérieur un trou définitivement célibataire, donc si un photon supplémentaire a le malheur d'arriver pour se faire hara-kiri, on se retrouve avec 2 trous et un électron... Ahhh les feux de labour ! Je vous épargnerai les détails cette fois, mais vous comprendrez intuitivement que ça fait pas non plus des étincelles. Concrètement, la nanoparticule est donc éteinte.

Alors mettons nous maintenant deux secondes à la place d'un biologiste. Débordant d'enthousiasme, il décide un bon matin d'accrocher ces nanoparticules à des protéines (qui sont les briques de notre organisme). La plupart du temps il fait ça avec un rat d'ailleurs, enfin chacun son métier. En éclairant le rat avec de la lumière bleue (comme en discothèque), et en filtrant la lumière rouge qui lui revient, il peut suivre en live le parcours des protéines qui l'intéressent. L'inconvénient, comme je vous l'ai expliqué précédemment, c'est qu'à un moment donné, la particule sera sujette à des histoires rocambolesques qui donneront lieu à une coupure de l'image et du son (je déconne pour le son).

L'objet des recherches de mon labo consiste donc d'une part à trouver un moyen pour limiter les impacts des ces surexcitations d'électrons. Pour cela on met en place par exemple des coquilles (à la manière d'un M&M's) autour de la nanoparticule pour récupérer les électrons trop excités. On améliore ainsi la luminescence des nanocristaux utilisés pour la biologie.

D'autre part, comme indiqué précédemment, les particules peuvent prendre la forme d'un bâtonnet. Cette forme allongée permet à l'électron et au trou de s'éloigner plus facilement l'un de l'autre (chacun dans son coin donc). L'effet désiré est donc ici l'inverse de la production de lumière : on ne veut surtout pas que l'électron et le trou se retrouvent, on va plutôt les récupérer pour en faire du courant électrique (j'ai oublié de dire que le trou est comme une charge positive). Dans ce cas, on transforme donc de la lumière en électricité : ces nanoparticules sont donc également étudiées pour la recherche sur les panneaux solaires.

Pour terminer, contrairement aux Feux de Labour, tout se passe très vite dans le monde des nanocristaux. La réconciliation électron/trou prend environ 10 nanosecondes (un milliardième de secondes), mais le clash entre deux couples électron/trou (plus communément appelé "recombinaison Auger" du nom du premier témoin d'une telle scène) prend environ 10 picosecondes (1000 fois plus rapide donc que la nanoseconde). Ces ordres de grandeurs permettent de comprendre qu'il faut un matériel bien spécifique pour observer de tels phénomènes. C'est justement ce qui est représenté sur la photo suivante (comme ça je vous aurais fait visiter le labo !).



On voit pas très bien mais ce sont surtout des miroirs, des lentilles et des diaphragmes.
Quant aux lasers, ils sont pas bien loin, il faut juste tourner la tête (ce sont les deux grosses boîtes blanches au milieu et à droite) :

jeudi 10 juin 2010

Il fait trop chaud pour travailler

Qui a dit que Juin c'était la saison des pluies ?

Certains téléphiles se rappelleront peut-être de la pub de pulco qui m'a inspiré le titre du jour. Cette phrase culte était particulièrement d'actualité la semaine dernière, non seulement parce qu'il faisait un temps caniculaire (qui laisse présager un été brûlant, je commence d'ailleurs à comprendre pourquoi les grenouilles mugissent la nuit), mais aussi parce qu'on n'a pas travaillé vendredi !! Finalement le Japon c'est plus ce que c'était, il y a du laisser-aller. Nous avons donc profité du beau temps pour faire une petite ballade dans les montagnes japonaises. Et si vous le voulez bien, je vous propose de m'accompagner rétrospectivement dans cette aventure. Enfin, n'oubliez pas qu'on est au Japon quand même donc c'est pas moi qu'il faut suivre, mais c'est le chef. Et d'entrée il a fait un démarrage canon qui m'a fait d'abord sourire au début (en l'imaginant s'écrouler au bout d'une heure), mais contre toute attente il a tenu la route et nous a tous épuisés :



Etant donnée la situation, il valait mieux donc dès le départ envisager un plan B en cas de perte. Ca tombe bien, voici que mon collègue nous donne à chacun une carte. Mais pourquoi ça le fait rire ?



Si on ne comprend pas, pas d'inquiétude, le parcours est très bien balisé !



Nous voici donc parti pour l'ascension du mont Matsuo, c'est à dire "Matsuo-Yama". Cette randonnée se situe pas très loin de chez moi, à 5 stations d'écart à peu près soit environ 20 minutes. Et déjà que Sanda, malgré ses 100 000 habitants ressemble à un village, me voici donc très vite en plein milieu de ce qui me semble être la campagne profonde japonaise.
Dès le début du parcours, nous avons un peu marché entre les rizières et les champs de thé.





J'en profite pour signaler que les rizières sont remplies de têtards. Le rêve que vous faisiez peut-être d'Uncle Ben's s'effondre.

Vous l'aurez compris, la surface disponible dans ce pays est assez réduite et pour véritablement ne plus trouver de trace d'activité humaine, il faut vraiment que ça grimpe ! Et justement ça grimpe bien ici figurez vous.



Comme on n'est pas non plus à l'armée, on s'est quand même accordé quelques pauses casse-croûte. Je dis "casse-croûte", mais ça fait maintenant plus de deux mois que j'ai pas vu la couleur d'une croûte de pain justement. L'en-cas de base ici, c'est l'onigiri : une sorte de triangle de riz fourré (au saumon par exemple) et entouré de nori (une algue séchée). Sans vouloir jouer les fayots (c'est au Mexique les fayots), c'est vraiment très bon ça aussi !

Même si une pause casse-algue coupe toujours un peu les jambes, la suite du parcours vaut quelques photos supplémentaires. D'abord celle du sommet qui n'est certes pas incroyablement haut (un peu moins de 700 mètres), mais où la vue est une belle récompense :



Mais le plus surprenant reste à venir. Sans avoir été averti, voici ce que l'on peut découvrir dans une montagne japonaise au détour d'un virage :



Mystérieux n'est-ce pas ? Et bien j'aurais du mal à vous expliquer ce que c'est puisque mes collègues n'ont pas l'air d'être fan de bouddhisme. En tout cas c'est bouddhiste et même internet ne peut pas me dire grand chose à part que c'est une ruine d'un ancien temple qui se situait il y a très longtemps à cet endroit-là... Moi qui disais qu'il fallait que ça grimpe pour ne plus voir de trace humaine, je m'aperçois que ça n'a pas toujours été le cas.

Si la photo ci-dessus est sûrement un des exemples les plus spectaculaires de ces ruines, bien d'autres petites statues nous surprenaient au fur et à mesure de notre avancée.



La suite du périple est plus conventionnelle : coup de soleil, chutes, sanglier. Non pas de sanglier heureusement et de façon générale pas beaucoup d'animaux !

Après l'effort, le réconfort. Ceux qui avaient pas goûté à l'onigiri pouvaient se rabattre sur le resto du soir. Je n'ouvrirai que très brièvement la page gastronomie aujourd'hui, juste pour dire que depuis mon arrivée, j'ai constaté qu'un repas japonais ne suit aucune logique. En d'autres termes, même si j'exagère sûrement un peu pour bien me faire comprendre, il n'y a pas vraiment de schéma "entrée-plat-dessert". Ce soir là, une multitude de petits plats très variés sont passés devant mes crocs sans que je n'arrive à déterminer une quelconque logique dans ce défilé. La semaine précédente, je m'étais fait la même réflexion lorsque nous étions invités chez mon chef... pour manger encore une fois, comme quoi les japonais ont un sacré coup de baguette.

And the winner is ?...



Des têtes de gambas grillées ! J'ai trouvé ça un peu glauque toutes ces têtes gisantes sur le même plateau. Etant très perplexe au début, j'ai commencé par regarder mes voisins. C'est simple, il suffit de les manger, en entier (sauf les antennes si elles sont trop grosses), c'est croquant mais (vous allez finir par ne plus me croire) c'est une nouvelle fois délicieux ! Et le reste me rétorquerez-vous ? Le corps sert tout simplement à faire des sushis. Les gambas se mangent donc aussi crues.

Bon appétit bien sûr !