jeudi 1 juillet 2010

Hymne à la joie

Après 3 mois déjà d'aventures nippones, je voudrais aujourd'hui prendre un peu le temps de vous raconter une des plus belles choses qui me soit arrivé dans mon quotidien depuis mon atterrissage, à savoir les cours de japonais organisés à Sanda.

J'y suis allé un peu par hasard au début, sachant que ce n'était pas du tout dans mes plans étant donné que jusqu'à présent, j'ai toujours appris le japonais en autodidacte avec des bouquins (qui sont d'ailleurs parfois très bien faits). Mais après tout, une collègue m'en avait dit du bien, et même si on ne peut pas vraiment se réjouir par avance de rencontrer des gens qu'on ne connaît pas encore, il est probable qu'un déménagement en terra incognita pousse à aller vers autrui plus qu'à l'accoutumée.

Et quelles ne furent pas mes surprises dès le premier jour de "classe"!! La première est financière, ce qui n'est pas négligeable me direz-vous... Un chou est un chou. Mais quand même : 18 euros pour 6 mois !... Quand on a vécu 7 ans et demie à Paris, ça fait comme un choc. Pierre Bellemare peut aller se coucher. Miss Bettencourt n'en parlons pas. A ce tarif là, vous aurez compris que les profs sont bénévoles.

J'en profite pour glisser une petite parenthèse dont je m'excuse platement par avance pour son contenu légèrement politique. En effet, jusqu'à présent, je réservais aux heures les plus tardives à mes interlocuteurs de l'Académie de la Bière (boulevard du Port Royal, 5ème arrondissement) l'idée d' une "utopie" qui consisterait en une société où la nourriture, le logement et l'éducation au sens large serait totalement gratuits pour tous. Cessez de rire, ensemble tout est possible, à condition d'être ensemble. Voici donc cette idée gravée dans les pixels de ce blog.

Même si l'école publique est un exemple non négligeable et vraiment beau de l'"éducation gratuite" (je dis pas ça pour cirer les pompes des profs qui me lisent), les exemples d'organismes qui à l'inverse monnayent le savoir sont innombrables vous le savez bien et c'est une honte travailleuses travailleurs etc. Toujours est-il que ces cours me permettent de me confronter à un autre exemple d'"éducation gratuite", un système en dehors non seulement de l'argent mais aussi de toute forme de compétition.

Mais à 18 euros pour 6 mois, "on a droit à quoi ?" me demanderez-vous ? Deuxième surprise : on a droit à un cours individuel par semaine et qui dure environ une heure et demie ! Certes je reconnais que cet aspect là est plus proche du luxe que de l'utopie. Mais ce n'est pas fini ! 3ème surprise ! On me demande pourquoi je viens, et ce que j'attends de ces cours. Banal me direz-vous ? Et pourtant en y réfléchissant bien, je pense que c'est intelligent de demander pourquoi on vient. Surtout quand il s'agit de cours de japonais où l'apprentissage des caractères chinois n'a rien à voir avec l'apprentissage du japonais oral, ni avec des cours de "culture japonaise", ni même peut-être avec la préparation d'un examen par exemple. Pour l'anecdote, parmi les diverses propositions suggérées, il y avait aussi "je viens pour parler à des gens". Dans un premier temps, je ne vous cache pas que ça m'a semblé ridicule. Certes j'étais aussi là pour ça mais de là à le formaliser noir sur blanc, ça me donnait l'impression de réclamer une assistance sociale (ce qui n'est d'ailleurs pas un gros mot). Dans un deuxième temps, conditionné par l'omniprésente compétition, j'ai cru à un piège en me disant que celui qui cherche seulement à parler un peu avec quelqu'un ne doit pas être très motivé pour apprendre le japonais. Puisque cela fait maintenant plus de 2 mois que je rencontre ces professeurs de japonais, je peux certifier que la dernière préoccupation de ces gens-là est de tendre des pièges à quiconque. Ayant chassé la théorie du complot, et un peu honteux d'avoir été si paranoïaque, j'en viens donc au troisième temps : celui où je me dis que finalement, c'était aussi une très bonne idée de proposer cette option ! Après tout, on peut trouver ça beau de venir pour parler à quelqu'un. Enfin moi je trouve ça beau, pas vous ?

Dans ces conditions, autant vous dire que je me sens comme un poisson dans l'eau. Certes je suis aujourd'hui dans la peau (l'écaille donc) de celui qui en profite mais je suis au moins ravi d'observer concrètement ce bel engagement que partagent beaucoup de professeurs (à la louche une bonne quarantaine, ce qui correspond au nombre d'élèves). Par ailleurs, il n'est pas surprenant de constater qu'à partir de bases aussi saines, les gens viennent à ces cours avec le sourire, c'est le moins qu'on puisse dire et ils se parlent très spontanément. Je disais au début de cet article qu'on ne peut se réjouir par avance de rencontrer des gens qu'on ne connaît pas encore (c'est d'ailleurs un peu laborieux comme phrase). Je ne manquerai pas de rajouter qu'après coup, je me réjouis vraiment d'avoir rencontrer ces gens-là qui sont remarquables et qui deviennent peu à peu des amis.

En conclusion de cet article, vous aurez remarqué qu'il n'y a pas de photo mais je me rattraperai la semaine prochaine probablement. Néanmoins, sans avoir cherché forcément à vous convaincre, j'espère que ces quelques lignes vous auront soit touché, soit donné des idées, soit rappelé des initiatives comparables que vous avez déjà menées ou que vous avez décidées. Je voulais en tout cas vous faire partager cette expérience !

Je vous embrasse tous !! J'en profite aussi pour dire que j'ai bien conscience que je réponds peu aux commentaires (publics ou parfois privés) et m'en excuse même si j'essaie parfois de répondre dans le texte quand le sujet s'y prête. Ce n'est d'ailleurs pas pour rien que je me suis risqué à manger des pinces de crustacé (toujours non identifié) la semaine dernière. Mais surtout je tiens à vous remercier pour vos messages qui me font bien plaisir et suis toujours ravi d'avoir de vos nouvelles. Je vais m'arrêter là parce que je ne fais que raconter depuis le début que tout le monde il est gentil. Je vous embrasse à nouveau donc, bénévolement en plus, j'espère que vous vous en rendez compte.

1 commentaire:

  1. Coucou... pas mal du tout ce système de formation...! Et de quelles nationalités sont les autres élèves; ils sont essentiellement européens ou pas du tout? Muxu

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